Usine marémotrice de Paluden
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Dans les années 1920, un projet d'usine hydro-électrique à marée (ou "marémotrice") a été mis sur pied, pour une implantation prévue entre Paluden et le lieu-dit le Diouris. Il était composé d'une usine marémotrice, au niveau de l'actuelle balise tribord "Beg-an-Toul", et d'un barrage hydraulique au Diouris.
Certains éléments avaient déjà été réalisés, comme le local technique (ci-contre) au lieu-dit le Moulin de l'enfer ("milin infern") ou la chaussée de Paluden où se trouvent maintenant des cabanes.
Chronologie par Bernard LE BEC (2009) :
Septembre 1921
« Utilisation des Marées à l’Aber-Wrac’h »
Dossier réalisé par la Société Technique pour l’Industrie, et présenté par : la Société Financière pour l’industrie
Comprenant :
Extraits des cahiers des charges
Divers plans sommaires et détaillés
Source :
Jean-René LE RU ( Plouguerneau)
Novembre 1922
« L’usine marémotrice de l’Aber-Vrac’h » Référence : Emile Henriey, La Science et la Vie, N° 65, pages 335- 339.
Avril 1925
« Cession du Conseil Général du Finistère », André Bénac vice-président du conseil est ‘’favorable à la réalisation du projet d’usine marémotrice à l’Aber-Wrac’h’’
Nota : preuve, que jusqu'à cette date le projet reste figé
1928
« ……Même le projet de l’Aber-Wac’h reçut un commencement d’exécution en 1928, puis les travaux furent ….arrêtés en août 1930’’ »
Référence : Jean Demangeot, ‘’ perspectives d’avenir de la houille bleue’’, Revue de géographie Alpine, année 1945, volume 33, N° 33-2, page 299
Projet de barrage au Stangala en 1928
« L'expérience des usine marémotrices n'est sans doute pas encore faite, puisque la première usine prévue, celle de l'Aberwrac'h, n'est pas encore en action. Mais il est à espérer que d'ici 150 ans, délai prévu par la Compagnie pour la raréfaction du charbon, les ingénieurs seront fixés sur l'utilisation de la force des marées. »
Ouest-Eclair du vendredi 8 février 1929
1928
(Contrôle sanitaire ostréicole)
«….. Plusieurs concessions de l’Aber-Wrac’h ont dû être retirées à cause de la construction d’un grand barrage effectué à Beg-an-Toul par la Société Marémotrice de l’Aber-Wrac’h. On y compte encore six parcs………
Cependant, plusieurs concessions abandonnées de l’Aber-Wrac’h viennent d’être redemandées…. »
Référence : Gustave Hinard – Louis Lambert, »’’ Contrôle sanitaire ostréicole’’, sc : Quartier du Conquet » Année 1928 ( ww.ifremer.fr)
1929
Crise mondiale, avec le Krach boursier. Les banques sont en faillite, tous les grands projets seront abandonnés.
Janvier 1942 (a)
Décision prise pour la vente de la concession, allant grosso modo, de la cale de Paluden au ‘’Moulin d’Enfer’’, vente au profit de : « Société d’Equipement des Voies Ferrées et des Grands Réseaux Electriques » Source : Yann Sergent, Paluden.
1950 (b)
14 avril 1950, Mr Delille se porte acquéreur de la concession. Source : Yann Sergent, Paluden.
22 août 2009
Grâce à tous ces éléments historiques nous pouvons reconstituer ‘’l’histoire fantôme’’ de cet ‘’ex’’ ancien futur patrimoine qui mérite une autre sépulture que celle de l’oubli et….de la légende .
ASPECT POLITIQUE (B.Le Bec, 27 aout 2009) - Les représentants politiques (1921 – 1930)
Député du Finistère (1914- 1919).
Ministre des Travaux Publics (1920-1924),
Bénac, André, ( 1858 – 1937) Conseillé municipal à Fouesnant (1919 – 1935) |
PRECISIONS TECHNIQUES :
« Ce fut la France qui ouvrit l’ère des réalisations concrètes en faisant étudier et réaliser un projet d’usine marémotrice dans l’estuaire de l’aber Vrac’h. (…)
Cet emplacement a été choisi à cause de la proximité de la ville de Brest qui devait résorber le courant électrique produit par la future usine.
Un barrage long de 150 m en aval du petit port de Paluden devait provoquer la formation, à pleine mer, d’un bassin de retenue de 4 800 000 mètres cubes. A cet endroit, l’amplitude des marées de vive-eau moyenne atteignant 7 mètres, les turbines étaient conçues pour travailler entre 0,5 et 5,6 m, fournissant ainsi de 55 à 1550 chevaux par groupe turbo-alternateur.
L’usine, dans son ensemble, devait comporter 4 groupes identiques.
Le barrage lui-même, constitué par 3 caissons en béton armé, devait être raccordé aux rivages par des maçonneries.
Sur la rive droite (côté Plouguerneau donc), une écluse de 10 m devait permettre le passage des bâtiments.
Sous cette forme, l’usine devait présenter de très importantes variations de puissance au cours de la même journée. »
(source : livre « La mer », article « l’énergie des marées », Editions Larousse 1953)
Le deuxième barrage
« Pour obier à cet inconvénient, un petit barrage devait retenir les eaux de la (…) rivière se jetant à 2 km en amont (du pont du diable), et l’énergie hydro-électrique ainsi produite devait relayer celle qui serait fournie par l’usine marémotrice aux heures « creuses ».
(…)
Par la suite un autre projet fut lancé. Il concernait l’aber Benoît (…)Lui aussi resta sur le papier. »
(source : livre « La mer », article « l’énergie des marées », Editions Larousse 1953)
D'un prototype à l'autre...
« Plutôt que d'énergie renouvelable, il faudrait parler d'énergie perpétuelle ! Tant que la Lune tournera autour de la Terre et qu'il y aura des marées... »
(Cyrille Périer, directeur du Groupe d'exploitation hydraulique Ouest d'EDF qui exploite l'usine marémotrice de la Rance)
(le bâtiment du Moulin de l'enfer, 2011)
Deux décennies d'études
Le principe de production est simple: utiliser le courant des marées pour faire tourner d'énormes turbines couplées à des alternateurs générant l'électricité. Pour que l'usine marémotrice de la Rance devienne réalité, il a fallu deux décennies d'études, un assèchement durant trois ans de l'espace nécessaire au chantier entre la mer et l'estuaire de la rivière, et un investissement de l'ordre de 500 millions d'euros.
Conçue dans une logique de recherche de nouvelles ressources énergétiques, elle devait être le prototype d'un ouvrage autrement plus gigantesque, vitrine du désenclavement de la Bretagne et de la technologie française, qui devait s'étaler de Saint-Malo... au mont Saint-Michel ! Avec ses 24 turbines de production, appelées groupes bulbes, fonctionnant avec le flux et le reflux, alignés sur 332 mètres entre deux eaux, ce prototype aura finalement été le dernier gros aménagement hydraulique d'EDF avant l'avènement du nucléaire.
L'aménagement a été rendu possible grâce aux caractéristiques uniques du site, assurant une amplitude de marées record (13,5 mètres) et une énorme réserve d'eau en amont (184 millions de mètres cubes à pleine marée).
« En fait, à Paluden, nous sommes en présence d' une ''maquette'' de faisabilité matérielle in situ qui devait servir de prototype à un autre prototype (Rance) pour une évaluation technologique et technique afin de pouvoir réaliser cette grande ambition, une usine marémotrice courant de St- Malo....au mont St- Michel !
Les principaux grands ingénieurs qui ont oeuvré pour que naisse l'énergie marémotrice, par ordre historique : Bernard Forest de Bélidor (1698-1761) ; Albert Caquot (1881-1976) ; Robert Gibrat (1904-1980), pour aboutir à la réalisation de l'usine marémotrice de la Rance."
Bernard LE BEC
Bibliographie :
Cahier de Landéda n°5, p 22-23