Le polder de Brouennou
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Les terres situées à Brouennou ont toujours été gorgées d'eau.
Eau douce tout d'abord, puisque la nappe phréatique n'est qu'à quelques centimètres sous la surface. Il y a même une sorte de source artésienne au niveau du lavoir "prat al lan n°1".
" Broennou, pluriel en 'ou' formé sur le breton 'broenn'- jonc- " (B-Tanguy ''Dictionnaire des noms de communes trèves et paroisses du Finistère'' édition 1993-page 102)...
A marée basse on voit encore aujourd'hui des sources d'eau douce s'écouler depuis le haut de la plage, vers la mer.
Le cordon dunaire étant brisé en un endroit, la mer s'y engouffre et donne un marais, qui apparaît sur une carte de 1776 (ci-dessous).
En 1824, un nommé Salaün de Lannilis acheta les terres située derrière le cordon dunaire car des primes étaient offertes pour l'assainissement des terres devenues cultivables. Il fit creuser les 2 canaux que l'on voit encore aujourd'hui.
canal longitudinal | canal transversal |
Ce Monsieur Salaün fit aussi construire un non seulement un aboteau (obstacle, digue au fil de l'eau en Saintonge); mais aussi un dispositif de double clapet, donnant donc un "aboiteau".
Le principe d'un aboiteau :
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(L'origine des aboiteaux : https://museeacadien.ca/musee-acadien/aboiteau-acadien/)
Les clapets permettent à l'eau douce de s'écouler vers la mer, mais empêchent l'eau de mer (à marée montante) de s'infiltrer dans les terres.
L'aboiteau de Brouennou, côté terre :
vue générale |
détail du système de fermeture |
L'aboiteau de Brouennou, côté mer, avec son clapet :
la sortie (côté mer) |
clapet de sortie |
Résultat, un cordon dunaire reconstitué pour des terres désormais protégées de la mer et qui, après déssalement par les pluies deviennent exploitables par l'homme. Le résultat tel qu'il est cartographié en 1836 :
L'ancien marais fut alors exploité pendant plus de 100 ans par les locaux. Ils y pratiquèrent la culture fourragère et légumière (carotte rouge, pomme de terre, choux de St Brieuc, seigle, betterave, carotte fourragère, foin...), lélevage (pâturage pour une dizaine de vaches et quelques chevaux et la production d'osier.
Enfin, une partie du marais était utilisée pour le séchage du goëmon aui était autrrefois brûlé dans le four à soude (disparu aujourd'hui) placé dans le cordon dunaire.
Plan d'occupation des sols plus tardif (années 50 ?) : (en jaune, comme ci-dessus, le marais original qui subsistait)
Un "raz de marée" inonda les terres en 1925, faisant de la presqu'île Sainte Marguerite... pratiquement une île malgré les travaux de M. Salaün.
En 1960, arrêt définitif de l'agriculture et la nature reprit ses droits, même si les canaux doivent faire l'objet d'un entretien régulier.
Le marais fut acquis en 1988 par le Conservatoire du Littoral et des espaces lacustres. Il y restaura en 2002 les canaux qui avaient disparus avec le temps. C'est aujourd'hui un espace protégé où poussent de nombreux arbres tels que saules, pins, buissons d'ajoncs... qui donnèrent son nom au lieu.
Conséquences de la tempête du 2 février 2014 :